La spiruline, souvent désignée comme un « super-aliment », est une algue bleue-verte consommée depuis des siècles pour ses multiples bienfaits. Utilisée historiquement par les Aztèques et certaines communautés africaines, elle est aujourd’hui largement reconnue pour sa richesse nutritionnelle exceptionnelle. Mais comment ce micro-organisme aquatique est-il cultivé et transformé en complément alimentaire ? Quelles sont les méthodes de production de cette algue qui gagne en popularité dans le monde entier ?
Les origines de la spiruline
La spiruline est une cyanobactérie qui se développe naturellement dans les lacs alcalins des régions tropicales et subtropicales. On retrouve ses premières traces historiques chez les Aztèques, qui en consommaient régulièrement pour ses vertus nutritives. Elle a également été observée dans certaines régions d’Afrique, notamment autour du lac Tchad, où elle fait partie de l’alimentation traditionnelle des populations locales. Cette algue est prisée non seulement pour sa richesse en protéines, en vitamines et en antioxydants, mais aussi pour son faible impact environnemental en termes de culture.
Les cultures ancestrales reconnaissaient déjà la spiruline comme une source de nutriments hautement concentrés. En effet, cette micro-algue contient environ 60 à 70 % de protéines, ce qui en fait l’un des aliments les plus riches en protéines sur Terre. C’est précisément cette composition qui la rend aujourd’hui si populaire dans les régimes végétariens et véganes, où les alternatives protéinées naturelles sont souvent recherchées.
La culture moderne de la spiruline
De nos jours, la spiruline n’est plus uniquement récoltée dans les lacs naturels. Avec la demande croissante, des méthodes de culture modernes ont été développées pour répondre aux besoins du marché mondial. Ces méthodes se concentrent principalement sur la culture en bassins et la culture en milieu fermé dans des conditions contrôlées.
Culture en bassins ouverts
La méthode la plus répandue de culture de la spiruline est celle des bassins ouverts. Ce processus reproduit les conditions naturelles dans des étendues d’eau peu profondes et fortement alcalines. Les bassins sont généralement situés dans des régions chaudes et ensoleillées, car la spiruline nécessite une température d’eau stable et élevée, généralement entre 30 et 35 degrés Celsius, pour se développer de manière optimale. Les bassins doivent également être constamment brassés pour assurer une oxygénation adéquate et éviter que l’algue ne se dépose au fond, ce qui compromettrait sa croissance.
Bien que cette méthode soit efficace pour produire de grandes quantités de spiruline, elle présente certains inconvénients. Les bassins ouverts sont exposés aux contaminants extérieurs tels que les débris, les bactéries indésirables ou les métaux lourds. De plus, la production est dépendante des conditions climatiques, rendant difficile la production toute l’année dans certaines régions.
Culture en systèmes fermés
La culture en systèmes fermés, également appelée photobioréacteurs, est une méthode plus moderne qui permet de cultiver la spiruline dans des environnements hautement contrôlés. Ces systèmes utilisent des tubes transparents dans lesquels l’eau riche en nutriments circule et où la spiruline est exposée à une lumière artificielle ou naturelle. Cette méthode offre de nombreux avantages par rapport aux bassins ouverts, notamment une meilleure protection contre les contaminants et une plus grande régulation des conditions de croissance. De plus, la culture en systèmes fermés permet de produire de la spiruline même dans des régions où le climat ne serait pas favorable à la culture en plein air.
Cependant, cette technologie est plus coûteuse à mettre en œuvre et à maintenir. Les investissements initiaux et les coûts d’exploitation élevés peuvent rendre cette méthode moins accessible, surtout pour les petits producteurs. Malgré cela, les systèmes fermés offrent une meilleure traçabilité et une qualité supérieure du produit final, ce qui est particulièrement important pour les marchés où la spiruline est utilisée à des fins médicales ou dans des produits alimentaires de haute qualité.
Le processus de récolte et de transformation
Une fois que la spiruline a atteint une densité suffisante dans les bassins ou les systèmes fermés, elle est récoltée à l’aide de systèmes de filtration ou de centrifugation. Cette étape permet de séparer la biomasse d’algue de l’eau. La spiruline est ensuite lavée à plusieurs reprises pour éliminer toute impureté.
Après la récolte, la spiruline est généralement transformée sous forme de poudre ou de paillettes après avoir été séchée. Le séchage est une étape cruciale, car un séchage mal réalisé peut dégrader la qualité des nutriments. Le séchage à basse température est donc privilégié pour conserver au maximum les propriétés nutritionnelles de la spiruline.
Une fois séchée, la spiruline est conditionnée pour être distribuée sous forme de comprimés, de gélules ou encore de poudre, prête à être mélangée dans des smoothies, des jus ou divers plats.
Les enjeux écologiques et de durabilité
La culture de la spiruline est souvent considérée comme l’une des méthodes de production alimentaire les plus durables. Comparée à d’autres sources de protéines comme la viande, la production de spiruline nécessite beaucoup moins d’eau, de terres et d’énergie. En plus de cela, la spiruline peut être cultivée dans des environnements où les cultures conventionnelles ne seraient pas viables, notamment dans des zones arides ou dégradées.
Toutefois, comme pour toute forme d’agriculture, il existe des défis à relever. L’augmentation de la demande mondiale pourrait conduire à une surexploitation des ressources naturelles si les pratiques de production ne sont pas correctement gérées. De plus, la traçabilité et la qualité de la spiruline sur le marché mondial varient, ce qui peut poser des problèmes en termes de sécurité alimentaire.
La spiruline, de par son origine ancestrale et ses méthodes de production modernes, représente une solution nutritionnelle durable et riche en nutriments. Cependant, avec des méthodes de culture qui évoluent et une demande croissante, l’industrie doit répondre à plusieurs défis pour maintenir la qualité et la durabilité de sa production.